Dormir dehors



Cette femme respirait le luxe, croulait sous les beaux objets de valeur et ne se privait pas de le montrer à tout le quartier dès que l’occasion se présentait. Elle parlait toujours d’une manière hautaine, assez froide et sans pitié. Personne ne l’aimait, mais elle s’en fichait. Tout ce qu’elle recherchait, c’était l’argent et le confort.

Mais un soir, je pris mes jumelles pour observer de plus près un évènement qui allait m’occuper pour la soirée. Elle avait visiblement perdu son sac à main, ou peut-être lui avait-on volé… Toujours est-il que je la voyais depuis ma fenêtre, assise devant sa porte, impuissante. Elle avait sans doute perdu son téléphone ultra sophistiqué en même temps. Cette pauvre grognasse méritait son sort. Je lui souhaitais presque qu’elle doive dormir dehors, avec pour seule compagnie son gros manteau de fourrure beige. En réalité, j’en avais envie. Qu’elle sente un peu ce que ça fait d’avoir froid aux pieds, d’avoir faim et soif ! Que cette leçon la fasse réfléchir sur sa vie et celle des autres ! Est-ce qu’elle savait seulement les ennuis financiers que j’endurais, moi ? Les huissiers pouvaient saisir mes biens d’un instant à l’autre et elle… Elle…

Soudain, alors que je la scrutais depuis la petite fenêtre de mon hall d’entrée, je sursautai : elle s’avançait vers ma maison, la tête baissée, vaincue. Non, non, non… Elle n’allait tout de même pas venir me demander l’hospitalité le temps d’une nuit ?! Je me cachai vite derrière la porte comme un enfant… mais me rappelai que l’étage était resté allumé et que ma voiture était garée en face. Quand la sonnette résonna, je me décidai tout de même à aller ouvrir.

-Bonsoir.

-Bonsoir Monsieur, j’ai perdu mon sac… Je ne sais pas rentrer chez moi… Pourriez-vous exceptionnellement m’héberger ?

-Oui, bien-sûr, entrez, je vous en prie.

Ma gentillesse était mon plus gros défaut, parfois. Je le regrettais déjà. Alors, changeant d’avis, je lui claquai la porte au nez.

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