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Affichage des articles associés au libellé Enfance

Insomnie

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  Lucas rouvrit les yeux. Non, décidément, il n’arrivait pas à trouver le sommeil. Demain pourtant, il devait retourner à l’école. La fin du week-end était arrivée trop rapidement, comme d’habitude. Il devait être au moins vingt-trois heures, peut-être même minuit. Il leva les yeux vers les rideaux bleus cachant la fenêtre. L’ombre des câbles électriques, éclairés par le lampadaire, se balançait au rythme du vent. Il revoyait encore sa mère, chaque soir, qui le portait dans ses bras et ouvrait la fenêtre en grand. Le froid s’engouffrait à travers son pyjama et il se mettait à frissonner, alors elle le serrait plus fort contre elle. Et elle lui murmurait : — Tu vois Lucas, Madame Dupuis, elle dort déjà, et Monsieur et Madame Gérard aussi, ils vont bientôt éteindre leurs lumières. Souvent, l’air sentait bon. Les fleurs, le feu de bois, le piquant du froid… Tout ça mélangé en une odeur. L’odeur de la nuit, l’odeur du vent sur son pyjama, l’odeur de maman qui lui murmure d’aller...

Tu le sauras quand tu seras plus grande

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Tu le sauras quand tu seras plus grande.   C’est bien l’une des seules choses que je savais pertinemment quand j’étais enfant. « Tu le sauras quand tu seras plus grande », me répétait-on sans cesse. Et maintenant que j’avais quitté l’enfance, que j’étais devenue grande, justement… Rien. Je ne savais rien. Que faire de cette fichue vie ? Comment être heureuse ? Quels choix prendre ? A qui faire confiance ?   Assise sur un banc dans le parc Louise-Marie, je me posais mille questions, le regard perdu dans le vague. Dans les vagues de ma vie. Ma vie complètement vide de sens. Je ne savais plus où aller, vers qui me tourner, que changer et que garder… J’étais à un tournant de mon existence et mon chemin devenait doucement un labyrinthe.   Soudain, un petit garçon me sortit de mes pensées sombres en s’asseyant à côté de moi. Il léchait lentement une glace au chocolat, si lentement qu’elle coulait sur ses doigts. Il en avait partout auto...

Un pas vers la victoire

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Ma fille. Elle est si belle, avec ses joues rosies par l’effort et ses crolles frisées par la pluie. Ah ma petiote, déjà adolescente, sur le point de devenir adulte à son tour. Elle vient de faire une passe à sa partenaire, comme ça, pouf, comme si elle était née pour ce sport. Un frisson me parcourt l’échine, je referme la tirette de mon manteau jusqu’à mon cou. Ma fille, elle est si jolie dans cet équipement, même s’il doit faire bien caillant sans bas-collants en dessous de son short, je lui avais pourtant dit de les mettre... C’est bien une Vandenberghe, têtue comme son papa la mule. Oh et puis, les couleurs de son tee-shirt lui vont tellement bien. Le noir contraste parfaitement avec sa peau claire, le jaune se marie bien avec ses cheveux châtains et le rouge fait ressortir ses lèvres de jeune femme. Les filles de l’autre équipe, elles ont l’air un peu baraki, je dois bien l’avouer… Elles se trainent sur le terrain comme des loques. Depuis les gradins, j’observe ma Clara qui c...

Partons en voyage

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         Voilà, j'ai pris ma décision : je vais partir en voyage. Mais pas n'importe quel voyage. Un voyage vers "on ne sait pas où", vous voyez ? Moi, ma maman m'a dit que je ne pouvais pas partir d'ici tant que je n'avais pas rangé ma chambre. Han, bah je ne vais pas obéir, parce que, de un, ma chambre est très bien rangée, de deux, je n'ai pas envie de la ranger. En plus, il fait beau dehors. Il va bientôt faire noir, mais ça me donne une chouette sensation, de sortir seul quand il fait noir. Je ne sais pas si vous pouvez imaginer cette sensation, c'est quelque chose qui fait peur et sourire en même temps. Moi j'aime bien. Alors, c'est facile parce que ma chambre est au premier étage et ma fenêtre donne sur le jardin. L'été, on installe une tonnelle sur la terrasse. Et vous l'avez deviné, elle est juste en dessous de ma fenêtre. Facile, moi je suis très fort et en même temps assez léger pour ne pas déchirer la toile. Maman ne m...

Le sommeil perdu

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Étendue sur mon lit les yeux grands ouverts, j’écoutais inlassablement le tic tac de l’horloge. Le sommeil avait rompu avec moi. Il m’avait murmuré sans pitié : « si tu regardes encore un épisode avant d’aller te coucher, tu peux m’oublier ! » C’est lui qui m’avait oubliée, moi je l’appelais de toutes mes forces ! Ce bon à rien… Il m’en faisait bouffer, des nuits d’insomnies ! Marre de l’attendre bêtement, je laissai tomber mes supplications et me levai. « Han, on verra bien, après c’est lui qui viendra me chercher en pleurant pour que je le rejoigne ! »   Je fouillai dans mon tiroir afin d’en sortir mon vieux MP3 et quittai ma chambre en l’emportant avec moi. Un silence de plomb régnait dans la maison. Les parents s’entendaient toujours bien avec leur sommeil, eux. Je descendis à pas de souris l’escalier en bois et me dirigeai vers la porte menant au jardin. Une fois à l’extérieur, je fus saisie par la fraîcheur  de l’air ...

Le chat

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  Cindy s’assoit par terre, dans cette grande prairie vide. L’herbe est bien verte, haute, et s’étend loin, très loin de tous les côtés. Un chat, qu’elle n’a jamais vu, s’approche lentement, prudemment, silencieusement. La petite fille regarde cet animal sans bouger, le sourire aux lèvres, confiante. Elle le trouve beau, avec son corps noir et ses pattes blanches. Elle sait que son papa veut qu'elle soit à la maison pour l'heure du repas, mais elle préfère prendre d'abord son temps. De toute manière, elle n’a pas envie de rentrer. Elle a trop peur de retrouver son père en colère devant sa mère effrayée. Elle a peur de retrouver l’ambiance stressante qui pèse dans la toute petite maison de campagne. Elle ne se réjouit pas de s’occuper des devoirs qu’elle doit réaliser pour l’école. Elle a conscience qu’elle n’arrivera pas à se concentrer pour y parvenir. Elle est habituée : personne ne va l’aider, son papa va se fâcher et sa maman va la fuir du regard et aller dormir tôt san...