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Mystères et popcorn

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  Nous prenons notre temps pour choisir le film, analysant chaque affiche le long du mur du cinéma. Celui-là, trop flippant. « Oui, mais je serai là pour te rassurer » je lâche maladroitement. Ses joues rondes s’empourprent et ses yeux s’accrochent vite à un autre synopsis de film. Une timide ? Celui-ci, beaucoup trop triste, on n’est pas là pour déprimer, n’est-ce pas ? Alors, celui-là ? Petits regards gênés, ouh, peut-être trop… Sensuel… Pas pour un premier film. Ah, parce qu’il y en aura d’autres ? J’y compte bien, qu’il y en ait d’autres. Cette fille-là semble spéciale. Je n’arrive pas à décrire ce sentiment. Un souffle, une vague, un océan… Je ne sais pas, quelque chose d’unique, de puissant. Une inconnue rencontrée sur internet, aux réponses plus que mystérieuses, une âme triste et romantique. Louve, de son pseudo. Bien plus mignon que mon « Max007 » que je me trimballe depuis des années... J’avais proposé à Louve de sortir ensemble au cinéma, comme ça, sur un coup de fol

Les Cailloux Bleus

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J’ai un crabe dans mon ventre. Il me pince les entrailles, il m’enserre les boyaux, il m’écrase les organes, il m’empêche de vivre normalement. Ma mère m’a dit de m’en aller, vers d’autres horizons, vers une autre vie. Mais la peur me clouait sur place. Ce crabe allait me ronger encore plus si je m’éloignais de ma mère. Elle ne serait plus là pour me donner de quoi m’apaiser. Sa présence soulageait ce mal-être en moi. Le crabe se taisait quelques instants. Mais elle me disait que j’allais m’en sortir tout seul, que j’allais pouvoir contrôler moi-même mon crabe et qu’un jour il s’échapperait de mon être et me laisserait libre. Et elle me répétait « ce n’est pas en restant sur place à ne pas chercher de meilleure solution que quelque chose va changer ». Il fallait que je quitte mon lieu de vie et que j’en cherche un nouveau… Je devais me chercher. Elle m’a conseillé de suivre les cailloux bleus pour ne pas me perdre. Ces cailloux au goût de liberté. Et si je ne les trouvais pas ? Ell

Que le vent froid m'emporte

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  Un hurlement retentit dans l’immensité des montagnes. C’est le mien, je crois… A vrai dire, je ne suis plus sûr de rien, le rideau de flocons brouille ma vue, la douleur brouille mon cerveau. Mais ce dont je suis sûr, et à mon plus grand malheur, c’est qu’il s’agit bien de ma fille que je tiens dans mes bras, ma toute petite fille, ma beauté, mon ange. Ses lèvres sont mauves, ses yeux fermés, sa peau se rapproche de la couleur de la neige, des larmes séchées se sont transformées en minuscules cristaux de glaces sur ses joues. Une expression crispée s’est figée à tout jamais sur son visage enfantin. Ce hurlement déchirant me revient en écho de tous côtés, comme des êtres invisibles qui partageraient ma détresse. Et la lune, dans ce décor noir et blanc, éclaire la scène de toute sa cruauté.   Je comprends. Je visualise la tragique explication à ce drame. La nuit passée, ma fille s’est vêtue de sa petite robe rouge de communion. Elle en était si fière, elle avait retenu les compli

Tu le sauras quand tu seras plus grande

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Tu le sauras quand tu seras plus grande.   C’est bien l’une des seules choses que je savais pertinemment quand j’étais enfant. « Tu le sauras quand tu seras plus grande », me répétait-on sans cesse. Et maintenant que j’avais quitté l’enfance, que j’étais devenue grande, justement… Rien. Je ne savais rien. Que faire de cette fichue vie ? Comment être heureuse ? Quels choix prendre ? A qui faire confiance ?   Assise sur un banc dans le parc Louise-Marie, je me posais mille questions, le regard perdu dans le vague. Dans les vagues de ma vie. Ma vie complètement vide de sens. Je ne savais plus où aller, vers qui me tourner, que changer et que garder… J’étais à un tournant de mon existence et mon chemin devenait doucement un labyrinthe.   Soudain, un petit garçon me sortit de mes pensées sombres en s’asseyant à côté de moi. Il léchait lentement une glace au chocolat, si lentement qu’elle coulait sur ses doigts. Il en avait partout autour de la bouche, et il souriait de plaisir.

Slap !

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               Un bourreau A et le condamné B   A : Placez vos genoux ici, posez votre tête là.   B : On m’avait dit que j’aurais la chaise électrique.   A : Ah bon ? Bah trop tard. De toute façon, c’est mieux la guillotine.   B : Comment vous le savez ? Vous l’avez déjà testée ?   A : Non, il parait, c’est tout.   B : Les morts sont revenus pour vous faire une critique constructive des moyens de mise à mort ?   A : Oh mais arrêtez de parler, vous me stressez !   B : Je ne sais pas qui de nous deux est censé être le plus stressé…   A : Mais vous comprenez, c’est la première fois que je décapite quelqu’un.   B : Moi c’est la première fois que l’on me décapite, figurez-vous.   A : Vous êtes gentil de me le dire, je suis tout de suite moins intimidé.   B : Je n’ai quand même pas de bol d’avoir hérité d’un bourreau si débile.   A : Pardon ?   B : Non, rien… Bon, c’est quand vous voulez hein, mais je n’ai pas que ça à faire, moi !

Traverser la rue

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Je marchais tranquilos vers l'arrêt de bus, comme chaque lundi matin. Tu vois, ce foutu lundi matin… Les yeux encore gonflés, les mains glacées réfugiées dans les poches, la goutte au nez, et tout le bazar qui pèse sur mes épaules. Il y avait une fine pluie bien désagréable, celle qui donne l'impression qu'on te postillonne sans arrêt dessus, tu vois laquelle ? Bon, donc mon humeur, tu l'imagines bien, elle était au niveau de mes pieds, là où la semelle rencontre la merde du chien de ta voisine. La seule chose qui me réjouissait de ma journée, bah c'était simplement la canette de coca que je comptais m'acheter à dix heures et le pique-nique que je m'étais préparé avant de quitter la maison. Ce saucisson ! Ma mère ne l'achète pas souvent mais qu'il est bon ! Bref. Je marchais donc dans ce décor à vomir, lorsque j’ai entendu mon prénom. J’ai relevé la tête et j’ai aperçu de l'autre côté de la rue une fille que je ne connaissais pas. Je te jure,

Partons en voyage

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         Voilà, j'ai pris ma décision : je vais partir en voyage. Mais pas n'importe quel voyage. Un voyage vers "on ne sait pas où", vous voyez ? Moi, ma maman m'a dit que je ne pouvais pas partir d'ici tant que je n'avais pas rangé ma chambre. Han, bah je ne vais pas obéir, parce que, de un, ma chambre est très bien rangée, de deux, je n'ai pas envie de la ranger. En plus, il fait beau dehors. Il va bientôt faire noir, mais ça me donne une chouette sensation, de sortir seul quand il fait noir. Je ne sais pas si vous pouvez imaginer cette sensation, c'est quelque chose qui fait peur et sourire en même temps. Moi j'aime bien. Alors, c'est facile parce que ma chambre est au premier étage et ma fenêtre donne sur le jardin. L'été, on installe une tonnelle sur la terrasse. Et vous l'avez deviné, elle est juste en dessous de ma fenêtre. Facile, moi je suis très fort et en même temps assez léger pour ne pas déchirer la toile. Maman ne m&#