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Affichage des articles associés au libellé Nuit

Insomnie

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  Lucas rouvrit les yeux. Non, décidément, il n’arrivait pas à trouver le sommeil. Demain pourtant, il devait retourner à l’école. La fin du week-end était arrivée trop rapidement, comme d’habitude. Il devait être au moins vingt-trois heures, peut-être même minuit. Il leva les yeux vers les rideaux bleus cachant la fenêtre. L’ombre des câbles électriques, éclairés par le lampadaire, se balançait au rythme du vent. Il revoyait encore sa mère, chaque soir, qui le portait dans ses bras et ouvrait la fenêtre en grand. Le froid s’engouffrait à travers son pyjama et il se mettait à frissonner, alors elle le serrait plus fort contre elle. Et elle lui murmurait : — Tu vois Lucas, Madame Dupuis, elle dort déjà, et Monsieur et Madame Gérard aussi, ils vont bientôt éteindre leurs lumières. Souvent, l’air sentait bon. Les fleurs, le feu de bois, le piquant du froid… Tout ça mélangé en une odeur. L’odeur de la nuit, l’odeur du vent sur son pyjama, l’odeur de maman qui lui murmure d’aller...

Partons en voyage

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         Voilà, j'ai pris ma décision : je vais partir en voyage. Mais pas n'importe quel voyage. Un voyage vers "on ne sait pas où", vous voyez ? Moi, ma maman m'a dit que je ne pouvais pas partir d'ici tant que je n'avais pas rangé ma chambre. Han, bah je ne vais pas obéir, parce que, de un, ma chambre est très bien rangée, de deux, je n'ai pas envie de la ranger. En plus, il fait beau dehors. Il va bientôt faire noir, mais ça me donne une chouette sensation, de sortir seul quand il fait noir. Je ne sais pas si vous pouvez imaginer cette sensation, c'est quelque chose qui fait peur et sourire en même temps. Moi j'aime bien. Alors, c'est facile parce que ma chambre est au premier étage et ma fenêtre donne sur le jardin. L'été, on installe une tonnelle sur la terrasse. Et vous l'avez deviné, elle est juste en dessous de ma fenêtre. Facile, moi je suis très fort et en même temps assez léger pour ne pas déchirer la toile. Maman ne m...

Que le vent froid m'emporte

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  Un hurlement retentit dans l’immensité des montagnes. C’est le mien, je crois… A vrai dire, je ne suis plus sûr de rien, le rideau de flocons brouille ma vue, la douleur brouille mon cerveau. Mais ce dont je suis sûr, et à mon plus grand malheur, c’est qu’il s’agit bien de ma fille que je tiens dans mes bras, ma toute petite fille, ma beauté, mon ange. Ses lèvres sont mauves, ses yeux fermés, sa peau se rapproche de la couleur de la neige, des larmes séchées se sont transformées en minuscules cristaux de glaces sur ses joues. Une expression crispée s’est figée à tout jamais sur son visage enfantin. Ce hurlement déchirant me revient en écho de tous côtés, comme des êtres invisibles qui partageraient ma détresse. Et la lune, dans ce décor noir et blanc, éclaire la scène de toute sa cruauté.   Je comprends. Je visualise la tragique explication à ce drame. La nuit passée, ma fille s’est vêtue de sa petite robe rouge de communion. Elle en était si fière, elle avait retenu l...

Regarde-moi...

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Texte inspiré par cette musique :  Wardruna - Odal [Attention : histoire d'horreur] Un léger souffle chaud me réveilla en sursaut. Mes yeux furent les seules parties de mon corps à parvenir à bouger, le reste étant paralysé par la panique. IL était revenu. Je le savais. Ma mère n’avait pas voulu me croire, pourtant, quelqu’un s’incrustait bel et bien de temps en temps dans mon lit. IL restait allongé à côté de moi en me regardant probablement dormir. Je ne l’avais jamais vu, mais je pouvais sentir sa respiration régulière dans ma nuque. Cette fois fut la pire de toutes ses visites nocturnes. Alors que mon cœur battait à tout rompre, le souffle habituel s’accompagna d’un murmure presque inaudible. Regarde-moi… Ces mots déclenchèrent en moi un brusque élan de terreur. Saisie d’une décharge d’adrénaline, je jetai la couverture à mes pieds et me levai à la hâte pour me précipiter dans la cage d’escalier et sortir de la maison en courant à toutes jambes. Il me suffit de traverser ...

Le veilleur de nuit

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Les cris de madame Laluna me réveillèrent en sursaut.  Bon sang, j’allais me faire virer à m’endormir comme un gros paresseux sur ma chaise de bureau. Il me fallait un deuxième café. Mais d’abord, madame Laluna, qui n’avait apparemment pas envie de s’arrêter de pousser ces cris horribles… Comme si on la torturait dans son lit… Qu’on lui coupait orteil par orteil au couteau de cuisine… L’horreur. Il devait se passer des choses affreuses dans sa petite tête de mamie.  Je m’aventurai donc dans le long couloir sombre de l’épaisse bâtisse. J’aperçus au fond, face à la porte menant aux toilettes, une frêle silhouette, debout, immobile. Un frisson me parcourut mais je parvins à garder mon sang froid, plus qu’habitué à ce genre de rencontre.   - Je m’occupe de vous tout de suite après ! dis-je sur un ton se voulant le plus naturel possible, mais qui parut sûrement mal assuré.   J’entrai dans la chambre de madame Laluna et ouvrit l’interrupteur. Elle était assise, les...

Cette nuit j'ai rêvé

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[Attention : pensées sombres, rêves violents] Cette nuit, j’ai rêvé de toi. Et nous étions dans un monde isolé et parfait. Allongée, ma tête dans le creux de ton torse, ma peau contre la tienne, j’entendais ton cœur battre, d’un rythme apaisé qui avait le pouvoir de m’apaiser moi-même. Je ne savais plus de quoi avait été composée ma journée. Je ne pensais plus à rien, mis à part à nous deux, à notre petit monde à l’écart de tous les problèmes.   Puis la sonnerie du réveil a retenti comme une alarme incendie, envolant en fumée tout ce beau tableau d’un battement de cils. Mon lit était petit, vide, froid, seul. Sans toi. J’ai soupiré. La journée allait encore être longue. J’allais me préparer pour les cours, m’installer en classe, et t’observer de loin d’un œil distrait. La prof allait me ramener sur terre en jetant une craie dans ma direction et la rougeur s’emparerait de mon visage. J’allais ensuite manger avec mes amis en regrettant de ne pas faire un pas vers toi. J’allais ...

Le sommeil perdu

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Étendue sur mon lit les yeux grands ouverts, j’écoutais inlassablement le tic tac de l’horloge. Le sommeil avait rompu avec moi. Il m’avait murmuré sans pitié : « si tu regardes encore un épisode avant d’aller te coucher, tu peux m’oublier ! » C’est lui qui m’avait oubliée, moi je l’appelais de toutes mes forces ! Ce bon à rien… Il m’en faisait bouffer, des nuits d’insomnies ! Marre de l’attendre bêtement, je laissai tomber mes supplications et me levai. « Han, on verra bien, après c’est lui qui viendra me chercher en pleurant pour que je le rejoigne ! »   Je fouillai dans mon tiroir afin d’en sortir mon vieux MP3 et quittai ma chambre en l’emportant avec moi. Un silence de plomb régnait dans la maison. Les parents s’entendaient toujours bien avec leur sommeil, eux. Je descendis à pas de souris l’escalier en bois et me dirigeai vers la porte menant au jardin. Une fois à l’extérieur, je fus saisie par la fraîcheur  de l’air ...