Le chat

 

Cindy s’assoit par terre, dans cette grande prairie vide. L’herbe est bien verte, haute, et s’étend loin, très loin de tous les côtés. Un chat, qu’elle n’a jamais vu, s’approche lentement, prudemment, silencieusement. La petite fille regarde cet animal sans bouger, le sourire aux lèvres, confiante. Elle le trouve beau, avec son corps noir et ses pattes blanches. Elle sait que son papa veut qu'elle soit à la maison pour l'heure du repas, mais elle préfère prendre d'abord son temps. De toute manière, elle n’a pas envie de rentrer. Elle a trop peur de retrouver son père en colère devant sa mère effrayée. Elle a peur de retrouver l’ambiance stressante qui pèse dans la toute petite maison de campagne. Elle ne se réjouit pas de s’occuper des devoirs qu’elle doit réaliser pour l’école. Elle a conscience qu’elle n’arrivera pas à se concentrer pour y parvenir. Elle est habituée : personne ne va l’aider, son papa va se fâcher et sa maman va la fuir du regard et aller dormir tôt sans lui dire au revoir.


Cindy prend donc ce temps, en dehors de tout le reste. Pour elle et pour lui, ce chat aux yeux verts. Il s’assoit devant elle, elle tend très lentement la main vers le museau du chat qui lève alors le cou et vient s’installer sans méfiance sur les genoux de la jeune fille. 

Il ronronne doucement, il a bien chaud. Cindy sent son petit poids sur elle et un petit poids s’enlève de son cœur en même temps. Elle sent sa chaleur la réchauffer et ses poils tout doux la consoler. Elle lui demande son nom, elle lui murmure "ne t’inquiète pas, tu n’es plus seul, tu n’affronteras plus rien tout seul. Parce que je sais comme c’est dur pour toi qui manque d’affection, qui n’as personne pour jouer avec toi et qui ne sais pas te concentrer. Tu sais, on va s’en sortir, nous deux. On est plus fort à deux, on va se connaître très vite, et on n’aura plus peur de rien". Alors, dans cette herbe fraîche et douce, Cindy s’endort tout contre ce chat paisible.


Un bruit les réveille. Le père en colère arrive, prend sa fille par le bras et l’emmène sans ménagement dans la toute petite maison de campagne. Le chat les regarde partir sans bouger. Il sait qu’elle reviendra, elle a besoin de lui.

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