Enfermés





Un garçon A (Aurélien) et deux filles B (Blanche) et C (Camille), puis un quatrième D (Dan).

 




A : Aaaah !!

B : Mais… Qu’est-ce que je fous ici ?

C : Que se passe-t-il ?

A : Blanche ? Camille ? Comment… Hein ?

B et C : Aurélien ??

A : Je ne comprends rien… Pourquoi on est ici ?

B : Aucune idée… On dirait que nous sommes dans un cube sans rien.

A : La porte ! … Elle est fermée ! Il faut la forcer, les filles. Venez m’aider.

(Malgré beaucoup d’effort, rien ne bouge)

C : C’est impossible ! Nous sommes enfermés ici pour toujours !

B : Quel pessimisme ! Il existe sûrement un moyen de sortir.

A : Oui, réfléchissons. Vous vous souvenez de quoi ?

C : Des gens qui sonnent à ma porte, m’entrainent de force dans leur camion, une piqûre, puis plus rien.

B : Pareil.

A : Moi aussi. C’est vraiment étrange !

C : Oui… J’ai rien fait, moi ! Vous avez commis quelque chose de grave, vous ?

A : Non, pas que je sache.

B : Non plus… Enfin, je suppose qu’on ne compte pas les mauvais résultats scolaires…

A : Il y a d’office une raison pour laquelle nous sommes réunis ici ! Peut-être qu’ils veulent faire une expérience…

B : Ils nous utilisent ? Comme des cobayes ?

C : Vous croyez qu’on nous observe ?

A : Je ne vois aucune caméra.

B : Ils ont dû sacrément bien les dissimuler…

A : Dans ce cas, ils seraient vraiment doués !

C : Olala, on est peut-être comme un spectacle pour eux. Vous imaginez ? Ils se moquent sûrement de nous !

B : Mais non, ne t’inquiète pas pour ça maintenant. Réfléchis plutôt à comment sortir de cette pièce.

C : Ces gens sont peut-être très sadiques et attendent qu’on s’entretue pour nous libérer… Prim’s pour ne pas être tuée !

B : Deu’s !

A : Rhooo, mais arrêtez avec vos idées noires ! Si ça tombe, ils veulent qu’on devienne soudés, amis…

C : Ou ennemis ?

B : Non, Auré a surement raison. On peut toujours essayer de faire un peu plus connaissance. C’est mieux que de se blesser l’un l’autre, de toute façon.

C : Bon, ben moi je m’assois.

A : Euh… Bah donc moi c’est Aurélien…

B et C : Bonjour Aurélien !

A : Non aller, plus sérieusement… Qu’est-ce qu’on pourrait bien se raconter ? On se connait déjà pas mal…

B : Passons direct aux secrets ! Vous en avez sûrement, hein ? Je parie que nous sommes ici pour les avouer.

C : Euh, vas-y Blanche, commence, je t’en prie.

B : Alors, euh… Bon. J’ai… Je… La…

C : Ah, la confiance règne, hein ? T’es vraiment pas à l’aise, pas vrai ?

A : Taisez-vous un peu… Vous entendez ? Ça vient de derrière la porte.

B : Purée, ça fait flipper !

C : Non, ça veut dire que quelqu’un va nous ouvrir ! Sûrement qu’ils ont vu que nous ne faisions rien d’intéressant, du coup ils abandonnent.

(La porte s’ouvre, un garçon entre et referme directement la porte avant que quelqu’un ne puisse s’échapper)

A : Non, mais… Rhaa, punaise ! C’est fermé ! T’es complètement débile ?! Fallait laisser ouvert !

B : Mais arrête, ne l’agresse pas comme ça, enfin ! Il doit peut-être obéir à des règles précises.

D : Bonjour.

C : Tu vas nous aider à quitter cet endroit ?

D : Je m’appelle Dan.

A : Dis-nous tout de suite comment sortir !

B : Bonjour Dan. Que fais-tu là ?

D : Je viens vous donner un indice.

(Dan se tait pendant un long moment)

C : Bah vas-y, qu’est-ce que t’attends ?

D : Pardon, j’avais oublié mon texte. Pour qu’on vous ouvre la porte, vous devez faire quelque chose en particulier.

(De nouveau un long silence)

A : C’est tout ?

D : Oui.

C : Non mais c’est une blague ? Ça ne nous avance pas du tout !

B : Bah, ça nous précise quand même un peu…

A : Tu rigoles ? Faire quelque chose… Ça peut être n’importe quoi.

B : Mouais, c’est vrai.

A : Bon, toi, Dan, t’as intérêt à nous lâcher tout ce que tu sais !

D : Je vous ai tout dit. Moi je ne sais rien d’autre, je vous jure.

C : Ouais, c’est ça. Tu penses qu’on va te croire ?

A : On va t’arracher les yeux ! T’écraser les os !

D : Laissez-moi tranquille ! On m’a juste envoyé pour dire ça. S’il vous plaît, ne me touchez pas !

B : Oui tant pis, laissons-le tranquille. Et réfléchissons plutôt à ce qu’on va faire.

A : Bon, si c’est la seule solution… Qu’est-ce qui serait intelligent ?

C : Il suffit peut-être de demander poliment qu’on nous ouvre… On n’a pas encore essayé ça.

B : Ok. S’il vous plaît, pourriez-vous avoir l’amabilité de nous ouvrir cette belle porte ?... Merci d’avance…

A : Bon, vous voyez bien que ça ne marche pas. C’était prévisible que ce ne soit pas un truc si évident.

B : Ce n’est pas ça qu’il faut faire, Dan ? Tu peux nous dire ça, non ?

D : Non, je ne peux rien vous dire, désolé.

A : Ha ! Ça signifie que tu sais bien comment sortir !

D : Ah mais… Non non.

A : Si si ! Tu veux finir en compote, toi ? Dis-nous !

B : Stop ! Faisons comme s’il n’était pas là et cherchons encore.

A : Tu as une idée peut-être ?

B : On a qu’à… Chanter une chanson. « Elle m’a dit d’aller siffler là-haut sur la colline, de l’attendre… » Aller, chantez avec moi quoi !

C : Je ne sais pas chanter.

B : Si on n’essaie pas tout ce qu’on propose, on n’y arrivera jamais ! Alors, établissons une règle : chaque fois qu’un de nous a une idée, on l’essaie sans discuter.

C : C’est ridicule…

A : Oui mais elle a raison. Si on ne procède pas efficacement, on ne trouvera jamais. Alors chantons ta stupide chanson.

A, B et C : « Elle m’a dit d’aller siffler là-haut sur la colline, de l’attendre avec un petit bouquet d’églantine. J’ai cueilli des fleurs et j’ai sifflé tant que j’ai pu. J’ai attendu, attendu, elle n’est jamais venue. »

A : Bon, ce n’est pas ça l’astuce.

C : Peut-être qu’on doit crier…

A : Crier quoi ?

C : On crie en même temps : laissez-nous sortir !

A, B et C : LAISSEZ-NOUS SORTIR !!

D : Je n’ai plus de tympan.

A : Toi, tu te tais ! J’ai une autre idée. Peut-être qu’on doit toucher un endroit précis du mur, comme pour trouver un bouton qui ouvrirait la porte.

B : Ok, chacun prend un mur, on fera le dernier ensemble.

C : J’ai l’impression d’être un aveugle qui cherche l’interrupteur.

(Après un bon quart d’heure…)

B : J’ai les doigts tout râpés maintenant.

A : Quelqu’un a une autre idée ?

B : Si ce n’est pas le mur, c’est le plafond. Faisons pareil mais sur le plafond.

C : Il n’est pas un peu haut ?

B : Vas-y Auré, fais-moi la courte échelle.

A : Non, viens sur mes épaules, ce sera moins casse-gueule.

B : Oula, je n’ai pas d’équilibre… Ah zut ! Je n’arrive quand même pas à le toucher. Regarde, j’y suis presque, c’est bête !

C : Et si tu te mets debout sur ses épaules ? Ce n’est pas possible ?

A : Non, tu vas tomber…

B : Essayons toujours. Attend… Aaah ! Aïe !

C : Ça va ? Tu n’as pas trop mal ?

B : Euh, on va dire que ça va…

A : Je t’avais dit que c’était risqué !

B : Oui bah ça va hein ! Qui ne tente rien n’a rien. Bon, une meilleure idée ?

C : Je sais ! Ils attendent peut-être qu’on abandonne. Ça pourrait être ça… Vous voyez, l’expérience serait de savoir après combien de temps on abandonne.

A : C’est intelligent… Mais je n’abandonnerai jamais !

B : Pareil. Je ne lâcherai pas l’affaire.

C : (En murmurant) vous savez, on peut faire semblant.

A : Non ! J’ai une meilleure idée.

C : Eh mais on avait dit qu’on essaierait tout ce qu’on propose !

B : Il y a des exceptions. C’est quoi ta nouvelle idée ?

A : C’est peut-être un peu stupide, hein, mais comme ils veulent probablement du spectacle…

C : Oui c’est moi qui ai dit ça ! Et j’ai sûrement raison d’ailleurs !

A : … Alors on a qu’à se mettre tout nu.

C : … C’est ça que tu appelles une meilleure idée ?? Jamais de la vie !

B : Il n’est pas question que je participe !

A : Olala, quelle bande de pudique.

C : Ben vas-y toi, fais-le.

A : Non, ça va. Si ça ne marche que si on le fait tous, je l’aurais fait pour rien. Donc tant pis.

B : Alors, essayons un câlin collectif.

C : Un quoi ?

B : Allez, serrons-nous dans les bras.

A : Bon…

(Ils se serrent ensemble)

C : C’est vraiment ridicule.

B : Au moins mes idées, on les essaie !

A : Ça ne marche pas non plus.

C : Il ne reste qu’une seule chose à faire. (Elle s’agenouille, joint les mains et ferme les yeux)

A : Mais qu’est-ce qu’elle fait ?

B : On dirait bien qu’elle prie…

A : Olala… On aura tout vu !

C : Allez, faites comme moi !

B : D’accord. Voilà.

A : Je n’ai jamais prié de ma vie… Je dois penser à Dieu ?

C : Pense à ce que tu veux.

(Long silence)

A : Euh… C’est fini ? On peut se relever ?

C : Oui, mon idée n’était pas la bonne.

B : Ça fait du bien, un peu de silence en tout cas.

C : Moi j’ai faim, en fait !

A : Si ça tombe, on est censé prononcer un mot en particulier.

B : Non, t’imagines ! Tomber sur le bon mot nous prendrait des mois.

C : Ouais, c’est clair ! Ce n’est sûrement pas ça.

B : Bon, on va lécher le sol.

C : Hein ? Mais tu perds totalement la boule, toi !

A : Tes idées sont de pire en pire !

B : Aller, un petit effort ! Ce n’est pas si terrible, quoi ! Voilà, moi c’est fait.

C : Regardez-moi ça ! C’est une folle !

B : Vous êtes nazes !

A : Bon, ça va, ça va ! On va le lécher ton sol. Mais c’est vraiment stupide.

C : Pfff…

(A et C s’accroupissent)

D : … Hihihi.

A : Ça te fait rire ??

C : Mais c’est qu’il se moque de nous en plus !

D : Ah non non, désolé…

C : Si ça tombe, on doit le tuer pour sortir d’ici.

A : Oui, c’est possible.

D : Quoi ?? Non, ce n’est pas ça ! Stop ! Ne me touchez pas ! Aaah, arrêtez !

B : Mais arrêtez enfin ! En plus, vous n’arriverez jamais à le tuer en frappant si gentiment.

A : T’as raison. Attend, bouge pas Dan. Je vais mettre plus de force.

D: Aaah non! Ok, stop! Tu avais raison !

A : … Ah ? De quoi ?

D : Il faut que vous prononciez un certain mot. Ça ne servirait à rien de me faire du mal !

B : Ah bah voilà, merci Dan.

C : Oui ben on est parti pour des années hein ! Y en a une infinité, des mots !

A : N’empêche que je suis trop doué. Bon, asseyons-nous et à chacun son tour, on dit un mot. D’accord ?

B : Ok. On prendra le temps qu’il faudra.

C : Oh, mais j’ai faim moi !

B : Aller, commence au lieu de râler.

C : Mouais… Euh… Patate.

A : A moi ? Euh… Porte.

B : Girafe.

C : Milkshake.

A : Sortir.

B : Mouchoir.

C : Gâteau.

A : Clé.

B : Télévision.

C : Spaghetti.

A : Liberté.

B : Allumette.

C : Pop corn.

A : Solution.

B : Ventilateur.

C : Eclair au chocolat.

A : Lumière.

B : Cœur.

C : J’en ai marre.

B : Perso, ça m’amuse.

A : Faut qu’on continue. On n’a rien d’autre à faire.

C : Pfff… Café !

A : Enigme.

B : Joie.

C : Croque-monsieur.

A : Epreuve.

B : Délicatesse.

(La porte s’ouvre)

A : Oooh ! On a réussi !

B : Yes ! Grâce à moi ! Grâce à délicatesse !

C : Ou alors, la porte a pris du temps à s’ouvrir et c’est grâce à mon croque-monsieur.

A : Epreuve, c’était pas mal comme mot. Ça se peut que ce soit ça… Déjà plus que croque-monsieur !

B : Dan peut nous le dire maintenant, hein Dan ?

D : Vous ne voulez pas partir ?

A : Ouais, si. Partons vite avant qu’on nous enferme de nouveau.

C : Tout ça, c’était vraiment débile ! On va leur montrer notre rage, à ces gros boulets.

B : La morale, c’est que dans la vie, il y a des choses qui n’ont aucun sens.

C : Moi j’aurais dit : dans la vie, y a toujours des cons pour te pourrir la vie.

A : Je dirais quant à moi : dans la vie, il ne faut jamais perdre espoir devant les portes closes car elles s’ouvrent toujours un jour.

D : Oh, c’est beau ce que tu dis là, hihihi…

A : Tu te moques de moi ?

B : Il se moque de toi.

C : Attrapez-le !


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